jeudi 21 février 2013

La vache et le prisonnier




- Meuhh, je voudrais pas être trop à cheval sur la bouffe, mais ... le veau aux hormones, la vache folle, le poulet à la dioxine, la fièvre aphteuse, la maladie de Creutzfeldt-Jakob, la grippe du poulet, ça fait beaucoup non Monsieur le Président ?



 
 

- Hou hé Marguerite, moi depuis que je suis enfermé dans ce quinquennat, .....à chaque instant, je me demande vraiment ce qui m'arrive et ce que j'ai fait au Bon Dieu, ou à mes aïeux pour, qu'autant de pluie tombe, soudain comme ça... sur moi
Mais je me dis qu'au fond, j'en ai reçu bien d'autres dans ma vie, que je m'en suis toujours sorti avec le sourire, toute la pluie tombe sur moi, oui mais... moi je fais comme si je ne la sentais pas, je ne bronche pas, car j'ai le moral et je me dis qu'après la pluie...
la lala lala la laaaa...... 



mardi 19 février 2013

Le Schpountz


"Un Schpountz n'est pas un idiot. Un Schpountz raisonne parfaitement sur toutes choses, il vit comme tout le monde, il a même du bon sens. Sauf en ce qui concerne le cinéma. Et quand il s'est mis dans la tête qu'il ressemble à un grand acteur, il le croira toute sa vie. Et on peut leur faire toutes blagues possibles, ils ne s'en apercevront jamais qu'on se moque d'eux".

"Tout condamné à mort aura la tête tranchée" est la phrase qu'Iréné décline, tantôt tragique, pathétique ou même comique, pour montrer l'étendu de son talent d'acteur, à un parterre de gens du cinéma, moqueurs, parisiens de leur état. Cette histoire aurait pu être celle du Corbeau et du Renard, mais cet Iréné là, lui le fromage il ne l'a pas fait tomber, il l'a savouré et s'en est même délecté, car sous son air naïf et prétentieux, il y a au fond un être ambitieux, sain, aveuglé par sa passion pour le grand écran mais sûr de son originalité  "...je vais faire une entrée pas ordinaire, d'ailleurs je vais leur porter le coup de j'arnaque, la raie au milieu..."



Ne vous laissez pas intimider par le fait que ce soit un film de 1938 en noir et blanc. Le Schpountz est joyeux, profond, bien rythmé par les faces à faces d'Irené (Fernandel) et son oncle (Fernand Charpin), des expressions comme on en fait plus , et des tirades qui valent bien plus que leur pesant d'or ;) C'est du grand art, du Pagnol !


Marcel Pagnol déborde d'humanisme et c'est avec beaucoup d'amour et d'empathie qu'il filme la nature humaine et ses petits travers avec la même passion  exacerbée de Méditerranéen que l'on retrouve chez John Fante (en plus ce cette ressemblance physique assez bluffante). Mais contrairement à Fante poursuivi par une sorte de fatalité qui fera de lui un paria dans le monde de l'écriture ainsi qu'un subalterne dans celui du cinéma, Pagnol lui, fort du succès de ses livres bâtira son indépendance en créant son propre studio, sa compagnie de distribution, ses laboratoires, ses salles de projection ainsi que sa propre famille de techniciens et d'acteurs ô combien indissociable de son univers.     


Dans La femme du Boulanger, Raimu, un de ses acteurs fétiches, nous touche de part son physique débonnaire et sa bonté d'âme, nous émeut aux larmes sans pour autant que l'on éprouve de pitié pour ce boulanger pourtant affublé de cornes de chef de gare ;) 



Les dialogues de tous ces films (La fille du puisatier, La Trilogie Marius-Fanny-César, etc...) sont réglés comme de l'orfèvrerie, je pourrais les écouter pendant des heures sans même voir les images qui les habillent. Ça me rassure que ces livres soient encore étudiés dans les écoles y compris à l'étranger.




Pagnol, homme aux talents multiples, va droit au cœur grâce à sa sincérité sans borne pavée de bonnes intentions. Inventif et volontaire à une époque où le cinéma était considéré par les Grands du Théâtre comme un refuge de médiocres prêt à trahir leur Art si pompeux pour une vulgarité de celluloïd. Pagnol choisira de leur dire merde, moi aussi.

Comme la musique adoucit les mœurs, l'accent marseillais des écrits de Pagnol couvre d'un voile de pudeur les épaules nues des filles perdues. Les hommes accrochés, pour un temps encore, au sens de l'honneur n'en perdent pas pour autant ce cœur et cette indéfinissable tendresse que seule permet la sincérité des sentiments d'amour les plus profonds. Maris cocufiés, pères bafoués, tous, au delà des éclats de voix, des verres brisés, des strangulations grandiloquentes aussi fréquentes que les poignées de mains, sortent grandis de situations qui après les déchirures, cimentent un peu plus encore leurs liens, non plus juste parce qu'ils sont de la même famille mais parce qu'ils se sont choisis et révélés les uns aux autres.