jeudi 26 septembre 2013

Ma vie avec Liberace


Au delà d'un pianiste renommé et extravagant, Liberace était un grand illusionniste. Son éblouissante Roll Royce, ses costumes scintillants, ses fourrures incrustées de pierres précieuses, ses bagues outrancières et ses pianos à facettes ornés de candélabres, étaient, en plus de sa vraie et excessive attirance pour le kitch, le miroir aux alouettes pour dissimuler son homosexualité devant un parterre conservateur et puritain qui se refusait d'entendre et encore moins d'accepter pareille horreur. Faire diversion pour mieux cacher tant qu'on le peut, au moins jusqu'à ce début des années 80 où les titres de journaux annonçaient la mort de Rock Hudson atteint du sida.


C'est le sujet traité par Steven Soderbergh dans son film Ma vie avec Liberace ou Behind the candelabra à travers l'histoire d'amour entre Wladziu Liberace et Scott Thorson, respectivement interprétés par le convaincant Michael Douglas et Matt Damon. Malheureusement et ce malgré la ressemblance des acteurs avec les intéressés, ou les efforts déployés afin de réunir des vrais objets appartenant à Liberace, et des reconstitutions quasi identique des maisons et autres lieux fréquentés par les deux amants, le film résonne comme une coquille vide. De piètres plans caméras et un Matt Damon inconsistant, pourtant très à son aise dans le talentueux Mr Ripley. Dommage...


vendredi 20 septembre 2013

Alexis Colby



 
Vogue Hommes International : Quand avez-vous pris conscience que "Dynastie" allait bouleverser votre notoriété ?

Joan Collins : Trois ou quatre semaines après la diffusion des premiers épisodes dans lequel j'apparaissais. Je descendais Mulholland Drive au volant de ma Mercedes quand une bande de gamins de six ou sept ans m'a interpellée. Ils criaient "Alexis, Alexis..." Je les ai salués en souriant, et ils ont continués : "On te déteste, on te déteste...". En un éclair, j'ai réalisé que Alexis allait me coller à la peau.

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VHI : A quoi ressemble vos journées à Saint-Tropez ?

JC : A pas grand chose. Je suis paresseuse. Je me réveille, je mange un croissant, je lis les journaux avec mon mari, je traine au bord de la piscine, je profite des gens qui sont de passage, je fais ma gym devant MTV, j'écoute du jazz, Diana Krall, Sidney Poitier, Dalida, je tweete....

mercredi 18 septembre 2013

Le corbeau


Après une première lettre anonyme signée Le Corbeau que reçoit le Dr Germain, c'est une véritable pluie de courrier du même genre qui inonde un petit village de France comme tant d'autres en ce début des années 40, dénonçant aux uns les défauts ou infidélités des autres, et vice versa. Tous se regardant du coin de l’œil, c'est au final une véritable paranoïa collective qui s'empare des habitants.
Alors vengeance ou délation ordinaire, qui est donc, et quelles sont les intentions de ce Corbeau ?


Lynchage, suspicion, vengeance et délation, tout y est et même plus. Clouzot aura aussi l'aplomb d'aborder des thèmes comme la drogue au sein du milieu médical ou même l'avortement. Autant dire que la petite morale bourgeoise ou bigote en sera quelque peu ébranlée. 
N'oublions pas le jeu quelque peu théâtral mais ô combien juste des acteurs, du rigide Dr Germain (Pierre Fresnay) à Ginette Leclerc en divine et émouvante infirme croqueuse d'homme et le magistralement viril et sans concession noir et blanc de Henri-Georges Clouzot. 


 
Outre sa modernité, Henri-Georges Clouzot a toujours fait preuve d'audace, comme dans ce fabuleux huis-clos L'assassin habite au 21 par exemple, qui fut l'un, sinon le premier film Français à traiter de tueur en série. Mais utiliser l'Affaire de Tulle du début des années 20, et la transposer en 1943 alors que la France est sous l'Occupation Allemande, on peut dire que c'était carrément gonflé !  
Certains journalistes mal intentionnés ont souvent dit de lui qu'il était misanthrope. Faux. Il dépeignait la nature humaine avec ce qu'elle a de plus bas mais aussi de plus beau à travers le talent et l'objectivité qui caractérise les meilleurs et rares écrivains ou cinéastes.



jeudi 5 septembre 2013

Tout va bien


Il y a deux jours, je regardais Laurel Canyon de Lisa Cholodenko, l'histoire d'une soixante huitarde sur le retour dépassée par son époque, face à son fils (Christian Bale) un peu plus conservateur mais apparemment pas dans son époque non plus, dans ce lieu mythique (jadis aussi) de Laurel Canyon. L'idée était bonne, le film pas mal, cependant je restais sur ma faim. J'étais passée à côté de quelque chose ? Ces plans de caméras inexistants ou intrusifs étaient-ils volontaires pour mieux en faire ressortir l'histoire ? Frances McDormand jouait-elle mal exprès pour accentuer son rôle de paumée ? Ou tout ça n'était que du bluff ? Cette réalisatrice avait néanmoins réussi à titiller ma curiosité. Alors comme au poker je demandais à voir, et me laisse tenter par un autre film de Lisa Cholodenko Tout va Bien


Tout va bien dans le meilleur des mondes pour un couple de lesbiennes qui s'aiment jusqu'à ce que leurs deux enfants retrouvent sans le moindre effort leur père géniteur. Père au singulier, car c'est le sperme du même homme qui a fécondé les deux heureuses  mamans. Même dans C'est mon choix ils n'avaient pas osé. Mais ça c'était avant, quand on témoignait avec des lunettes noires et des perruques, maintenant place au nouveau cinéma, celui qui montre tout (et surtout n'importe quoi).

Ce film qui se veut d'un nouveau genre n'est en aucun cas subversif ou pertinent. Il n'a aucune audace, et les dialogues hypra convenus prononcés avec des temps morts entre chaque mots sont une vraie souffrance. Il n'apporte rien et bien au contraire, veut nous faire avaler des couleuvres en nous démontrant qu'un couple de lesbiennes est supérieur à un couple d'hétérosexuel. Non seulement elles offrent une éducation parfaite et idéale à leurs enfants (bien que la fille s'appelle Johnny et le garçon Laser), mais en plus on peut leur parler de tout. Elles sont plus tolérantes et compréhensives. Mais faut pas exagérer, qu'on ne leur parle pas d'homme non plus, vous savez, cet être abject au phallus toujours en érection, quelle horreur ! Il n'y en aura qu'un dans le film, et il aura droit au joli sobriquet de Spermato, on croit rêver.


Pourquoi les homosexuels qui se battent pour obtenir des droits, à savoir une reconnaissance légitime envers la société d'être considérés comme tout le monde, créént des films propagandes pro-lesbiens pour montrer qu'ils sont à part, voire supérieur ? 

dimanche 1 septembre 2013

Magnolia




Quand on a une conscience, la solitude, la cupidité, le mensonge, le profit, l'abus, l'injustice, sont autant de maux qui font de notre vie un enfer. Il suffirait pourtant d'un bon vieux coup de pied aux fesses pour que les choses s'arrangent me diriez-vous, mais lorsque le cerveau refuse d'avancer, paralysé, englué sous des tonnes de culpabilité et de regrets dus aux erreurs du passé souvent dictées par la faiblesse ou un manque de confiance en soi, il agit comme un frein. A ce stade, s'offre deux choix : passer le reste de sa vie à se morfondre et se lover aeternam dans le rôle confortable de la victime ou décider d'accorder ses actes avec ses propres règles. La croisade pour une reconquête de soi s’avère périlleuse et douloureuse, mais si nous sommes notre pire ennemi comme dirait l'autre, n'oublions jamais que nous sommes aussi notre meilleur allié.



Rajoutons à cela la météo, le hasard, les catastrophes naturelles, comme autant de pièces d'un même puzzle qui s'assemblent lentement, pièce par pièce, pour donner naissance à ce poétique Magnolia de Paul Thomas Anderson, tout juste deux ans après la sortie de l'excellent Boogie Nights, avec lequel on retrouve beaucoup de similitudes ; sa durée, ses mêmes acteurs, et son découpage façon soap opera, le tout somptueusement chorégraphié.


Dans ce ballet au final cataclysmique, Paul Thomas Anderson incorpore avec souplesse et précision, soit disant "neuf personnages", car en réalité il y en a bien plus (c'est le côté Pipo l'intello de l'histoire) comme autant de caractères distincts qui s'entremêleront, seront liés les uns aux autres ou resteront indépendants, avec finesse et parfois un humour tragi-comique.


Je ne ferais pas l’énumération de ces personnages un à un bien que ce ne soit pas l'envie qui m'en manque, bien qu'ils soient tous plus attachant ou déchirants les uns que les autres. Ni en partant de mon chouchou Donnie Smith (William H. Macy) en quête d'amour et de reconnaissance, ni de la déchirante Linda Partridge (Julianne Moore) dont le destin avait décidé qu'elle s'était assez auto-flagellée jusqu'ici, ni du fait que ce soit le meilleur rôle de Tom Cruise, mais juste dire que ce film touche en plein cœur notre psyché et les émotions les plus diverses enfouies en chacun de nous, même s'il y a entre-nous, une bonne demi-heure de trop.



"Je m'appelle Donnie Smith, et j'ai des tonnes d'amour à donner".