mardi 31 décembre 2019

Pourvu qu'elle soit douce



Alors que notre pays est paralysé par les grèves de tous bords, l'image de ces quarante danseuses interprétant Le lac des cygnes sur le parvis de l'Opéra Garnier dans un froid glacial, et avec autant de grâce et de légèreté, est l'image que nous devrons retenir de cette année 2019, et de toutes les autres à venir. La sous-France, sauvée par l'excellence. Nous avons toujours eu ce petit plus que les autres nous envie. Préservons-le. En parlant de beauté et d'Opéra, ne faisons pas, place place place au toréador, mais à Michel Fau, comédien-metteur en scène brillant et joyeux, qui ne tarit pas de malices dans son opéra bouffe d'Offenbach "La belle Hélène". (J'essaie en vain de le publier, mais trop lourd. Regardez sur le site d'arte vous ne verrez rien de plus sympathique cette année). 


L'opéra, l’opérette... c'est beau, c'est hors du temps, c'est tourbillonnant, envoûtant et souvent tragique. Comme dans ce film de Peter Jackson Créatures célestes, où les héroïnes, en pâmoison devant Mario Lanza, se perdent peu à peu dans leur monde imaginaire. Mais point d'affolement, ce soir c'est le réveillon, et comme...


... charité bien ordonnée commence par soi-même, je me, je vous, souhaite une Bonne année 2020. Pourvu qu'elle soit douce 👄

  

vendredi 20 décembre 2019

Les Rita Mitsouko, le coffret



Fred Chichin n'est plus. Catherine elle, tient la boutique, mais a le syndrome du membre amputé. Elle continue les concerts, les festivals, les émissions télévisées, les duos, les solos, jusqu'à en perdre haleine, jusqu'à en perdre à l'aide. C'est son visage qui me l'a dit. Son cœur n'y est plus. Il ne battait qu'avec le sien.


Tous deux issus d'une famille à la fibre artistique très développée, Fred et Catherine se sentent pousser des ailes, et quittent le nid très tôt. Trop peut-être. Dans un tourbillon de plaisirs et de libertés, Fred Chichin voyage, collabore avec un tas de musiciens, et monte (entre-autre), un opéra rock intitulé "La malédiction des rockeurs", avec à l'appui un 25 cm sous le nom de Les chacals de Bethune, sous le label Barclay (je l'ai ;D). Catherine de son côté, déjà très fantasque, et familiarisée avec le mannequinat pour enfants, plus un rôle dans un petit film assez surréaliste, continue de véhiculer son image au théâtre (avec le grand Michael Lonsdale! -oui je l'adore), et laisse parler son corps aux côtés de Marcia Moretto. Les annéespassent... Et pour tout ça on vous doit combien ? Ben se sera une hépatite C pour Fred, et quelques viols à répétition pour Catherine, et les films porno qu'on lui connait.


C'est dans ce contexte là qu'ils se sont rencontrés. Combustion instantanée. Fusion de force et de douleur. Envie de mordre et de s'appartenir. De partager. De s'abandonner l'un à l'autre. C'est ainsi que naquit leur premier bébé: Don't forget the night,. Le franglais de Laringite n'aura que peu convaincu, et ce 45 tours (que j'aime beaucoup) passera à la trappe. Le succès viendra frapper d'un coup d'un seul, quand, sorti d'un jet de colère, Marcia Baila inondera les radios et les écrans, de sa couleur Mitsoukienne. Totalement désuets, ils combinent, ce que la fin des années 70 et début 80, on de plus fort, et s'entourent des meilleurs (Modino, Gaultier, Godard, Combas, Mugler, Doisneau, Depardon... et Jean Néplin, depuis toujours, et pour toujours). Ils sont dans l'air du temps, et au delà.    


Leur premier album, est produit par Conny Plank, un ingénieur du son inventif et avant-gardiste, perché (c'est le mot) en allemagne. Restez avec moi, Jalousie... album éponyme, empreinte choronyme. Catherine pousse sa voix (parfois trop), et multiplie les drôleries dans les apparitions télé, tandis que Fred, créatif  translucide dégingandé, cogite déjà à ses prochaines expériences studio. The no comprendo produit par Tony Visconti, déferle sans crier gare, contient tous les tubes "efficaces", mais ô combien incontournables (même si trop entendus pour ma part). C'est comme çaaa, la la la la ! Les contrats s'enchaînent, les musiques de films etc.. et deux ans plus tard, sort en 1988, le sublime Marc et Robert, en collaboration avec Les Sparks et un morceau chanté par Chichin. Cet album est différent. Beaucoup plus raffiné, pochette rococo et goût electro. Il contient deux morceaux phare; Le petit train sur les camps de concentration (des thèmes toujours aussi funky et sur lesquels on danse jusqu'à la transe, c'est ça l'esprit Rita) et cet élégant Singing in the shower.


Vint ensuite RE, des remixes FAN-TAS-TI-QUES d'Andy, du Petit train, de Jalousie.... avec Jessie Johnson de Time, Dee Nasty, Orbit, Chichin alias Fat Freddy... Cet album est de la folie furieuse. A tel point, que s'en suivront une série de concerts à Panam, avec carrément un studio sur scène, où seront remixés ces-dits morceaux différemment et en direct chaque soir. Il semblerait que Acoustiques soit issu de ces sortes de jams (à vérifier). Le Système D avec Y a d'la haine (le genre qui leur colle aux grolles), et  un duo garage très cool avec Iggy Pop. Ils avancent encore et encore. La chanson des Amants figurera dans Les amants du pont neuf. Ce cinéma, toujours, qui leur fait de l’œil. Godard les aime: Soigne ta droite ! 

   
Les expériences. Se renouveler toujours et encore. Cool Frénésie, La femme trombone... ces deux-là je les découvre enfin aujourd'hui, c'est pourquoi je n'en dirais pas grand chose pour l'instant, à part que me voilà bien perplexe devant l'assise de Catherine Ringer, devant cet apaisement qui semble enfin la pénétrer. Cette paix inespérée, enfin là !


Malheureusement, la parenthèse extatique sera de courte durée. L’hépatite C de Fred, tapie dans l'ombre, avait mutée en silence en un monstre effroyable. Le temps de s'aimer, de se battre et d'y croire encore, jaillit Variéty, ultime opus du duo amoureux, unis comme jamais. Celui-ci je l'avais trouvé au hasard quelques années après sa sortie, et ce fut un vrai rendez-vous. Pas que musical, mais comme eux, toutes mes incompréhensions, mes émotions contraires et mes rapports aux autres, à la vie... avaient fait leur chemin. Leurs propos étaient, et sont toujours les miens. Salut Fred, merci Catherine. 



Sinon, j'ai craqué pour le fameux coffret édition limitée (n°181) avec l'intégrale vinyls, des inédits, un petit dvd comprenant deux court-métrages, et une feutrine qui représente le maxi remixe d'Andy par Jesse Johnson ♫ Je peux juste vous dire que je ne boude pas mon plaisir 💖


mercredi 6 novembre 2019

Satin whale



Nous sommes le premier mercredi du mois, à Sète, sous une latitude de 43.4 DD et une longitude de 3.68333 DD. Il fait 20°C, et ma vielle voisine d'en face tient une grappe de raisin, qu'elle dévore grain par grain avec gourmandise, bien calée sur son rebord de fenêtre. Je ne vous posterai pas de photo car il me semble que cela serait déplacé, mais je peux juste vous dire que nous sommes elle et moi reliées par une guirlande de noël, et par le bruit des embouteillages permanent qui encombrent la rue. Alors j'ignore si elle entend la musique qui s'échappe de mes fenêtres grandes ouvertes, car elle ne montre aucun signe d'approbation ou de quelconque gêne, et son pied de ne battre aucune moindre mesure. Peut-être est-elle comme moi, dans l'expectative, happée par cette flûte enchanteresse et cet orgue Hammond tournoyant, pénétrée peu à peu par cet univers ma foi fort sympathique, un peu jazzy aérien et hypnotique, que diffusent les enceintes. Les mélodies de chants rappellent légèrement celles de King Crimson, et les guitares wah-wah apportent la couleur nécessaire sans laquelle on perdrait par moment, toute vigilance. Satin Whale est un groupe allemand du début des années 70, et ce Desert Places qui vient d'être réédité, est leur premier album. Il n'existe pas de photos d'eux, alors je vous offre mon fond d'écran du moment. Bien à vous 💖