dimanche 31 mars 2013

Le Démon


Hubert Selby Jr tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme dans son livre "Le Démon". On ne sait jamais qui se cache réellement derrière un sourire, une bienséance, alors mesdames, méfions-nous de nos rencontres, car la folie ordinaire est la plus dangereuse, elle ne se voit pas, on ne s'en méfie pas. 

A travers ce livre selby démonte le mécanisme bien huilé de la pensée commune d'une génération agrippée aux mensonges proférés au nom de la liberté. Comme le disait si bien Richard Burton dans Absolution "La liberté est une bannière brandie par des gens peu scrupuleux" L'utilisation des femmes les plus naïves pour assouvir des fantasmes purement masculins peut engendrer le pire, leur docilité peut mener leur partenaire à se croire investi du pouvoir divin, Le démon en fait la démonstration. Harry va aller au bout de son expérience, s'il se libère à chaque passage à l'acte de son carcan éducatif, c'est en souillant dans son esprit celle là même qui a fait de lui celui qu'il est, à savoir LA femme, la mère.


Ainsi les femmes qui ont croisés le chemin d'Harry White pourraient bien aujourd'hui faire le chemin de Compostelle et remercier éternellement Dieu et les siens d'avoir échapper à une fin des plus tragique. Harry est le quidam au coin d'un bar, le collègue de boulot, l'homme à la queue propre, capote à la main, le parfait amant d'une nuit, enfant chéri de ses parents, jeune cadre ambitieux. Sauf que.


Pour réfréner sa surexcitation constante, il se plonge corps et âme dans son boulot. Le frisson d'un nouveau challenge, le comble, un temps. Harry cumule les heures sans compter, il est à bout. Pendant ce temps, il y a toutes ses femmes dehors qu'il pourrait souiller. Harry est malade, des entrailles au cerveau, le mal se nourrit de ses peurs, de ses angoisses, de ses névroses. Un mal terriblement lancinant, irréversible, une force irrésistible semble le pousser vers le meurtre, la folie, la mort.
  

Selby nous traine dans les tréfonds d'un univers peuplé de rats, et d'individus encore moindre où le respect de soi et des autres n'a plus lieu. Malgré le dégoût que son être lui inflige, Harry s'accroche à la normalité, se mari, goute au bonheur, mais inexorablement l'écriture impitoyable de Selby le ramène vers son lui le plus profond, le plus sombre. 


Malgré ma répulsion lors de chapitres dont mon estomac se souviendra encore longtemps, malgré mon sommeil saccadé de cauchemars, rien à faire, la moindre seconde de temps libre  était consacrée à cette torture jouissive, la lecture de ce bijou malsain. Souvent comparé avec facilité à American Psycho, Le démon mérite mieux. Point de masturbation cérébrale ici. Avec Selby c'est plutôt du côté de Taxi driver et de sa faune que ça se situe, pour le décor, et du Zola de Germinal pour le message. A la bourgeoisie qui s'est toujours crue tout permis, Selby tend un doigt bien raide auquel s'ajoute le mien.


mercredi 20 mars 2013

Excision



Pauline (AnnaLynne McCord) n'est pas la pom-pom girl du lycée, elle n'organise pas des boums, elle ne vend pas des cookies au profits de la jeunesse catholique. Son acné et sa mauvaise posture deviennent une façon comme une autre de se faire remarquer. Ses camarades de classe la trouve bizarre et dégoutante. C'est réussi.

 

Marginale désaxée, obsédée par la chirurgie, elle a d'autres centres d’intérêts. Jouer au cadavre avec sa petite sœur Grace (Ariel Winter) atteinte de mucoviscidose. S'infliger des sévices corporels. Organiser froidement son dépucelage. Jouir de ses phantasmes nécrophiles.  La coquetterie passe loin derrière


Sous les yeux impuissants et lâches du père (Roger Bart), sa mère (Traci Lords), rigide et conservatrice, totalement dépassée devant le désarroi de sa fille ne lui montre que mépris et dédain. Tel un jeu de miroir désynchronisé, les relations mère-fille ne sont qu'humiliations, malaises, provocations, conflits. Pauline en a définitivement fini avec sa schizophrénie, elle est passée du côté obscur. Son monde n'est plus que souffrances, troubles hallucinatoires morbides, actes malsains. Un calvaire ordinaire et fantasque aux yeux de sa mère. 




 
Les Monstres sont dans la maison ! Témoin du conflit des deux femmes, le père est un être résigné, soumis, un être à genoux, un enfant effrayé et dépendant. 

 

Phylis ne se contente pas d'être castratrice, c'est aussi une mère toxique comme dirait Britney. On comprend alors (le lendemain pour ma part), le sens du titre du film : "Excision".  
Grace chaque jours plus malade n'échappe pas à la règle. Sa mère la consigne dans sa chambre telle une poupée docile, elle doit se contenter d'amis virtuels, les "vrais" ne seraient que mauvaises influences et microbes.  
 



Tout va aller très vite. Grace a besoin d'une transplantation d'urgence. Noyée dans sa pathologie larvée, Pauline va agir mécaniquement. Avec précision.
Son obsession de sauver sa petite sœur ou d'éliminer cet obstacle à jamais, peut prendre enfin tout son sens. C'est dans le comble de l'horreur et de l'explosion psychique maximale que la communion tant convoité de Pauline envers sa mère va prendre forme. 
Cette fin à l'esthétique sortie des Contes de la Crypte me laisse encore sous le choc toute comme Bug de Friedkin. L'essence de la poésie et de la délivrance au centre même de la folie !    
 

Bluffage total pour le casting. Le choix des acteurs me paraissait bien audacieux voir prétentieux. Réunir John Waters, Traci lords, Malcom Mac Dowell, Ray Wise, ces acteurs sont trop connotés !  

Grossière erreur ! Leur interprétation est tellement juste qu'ils se fondent dans le film, et le sublime tout court. Oublié la provocatrice  ex-star du porno  Traci LordsJ'ai découvert une grande actrice. Elle est au diapason et bien au-delà ! Oublié le pervers déjanté John Waters. Il est d'une sobriété exemplaire ! Les autres sont vraiment très bons : AnnaLynne McCord, Ariel Winter, Roger Bart etc etc etc... 

...à suivre donc ce Richard Bates Jr, enfin si vous êtes intéressés par le genre bien entendu...  ;))

jeudi 14 mars 2013

Bug



Un paranoïaque aigüe (Michael Shannon) trouve le réceptacle à son tourment chez une jeune femme paumée (Ashley Judd), elle même recluse dans l'errance de sa propre solitude, ses peurs, son malêtre, et la disparition de son enfant. Les fêlures de chacun sont entremêlées.

Peter et Agnes nous prennent en otage, nous sommes impliqués physiquement dans leur appartement qui prend vite des airs de purgatoire, rythmé de sonneries stridentes et incessantes du téléphone, grésillement des insectes, bruit des pales d'un ventilateur qui se transforment en son d'un hélicoptères menaçant, on est en apnée, on devient claustrophobe. Peter sent des insectes parcourir son corps, on se démange ! Les murs recouverts d’aluminium, éclairés du bleu des lampes insecticides nous aveugle. Les dialogues obsessionnels, les cris, les convulsions, la violence, le sang nous étouffent. Nous sommes dans l'antre de la folie à l'état pur, au cœur du chaos mental.

 
Devant cette descente aux enfers de la paranoïa irréversible de ces deux êtres brisés, nous sommes dans un état second et seul le final viendra nous délivrer, tout comme eux.


Le temps est suspendu Encore sous le choc !


Bug, William Friedkin 2006

mercredi 13 mars 2013

Repo Man


Des poursuites en bagnoles, des gangsters, des adorateurs d'OVNI, de la science fiction, des huissiers véreux, un savant fou, des punks crétins, un belle Chevrolet 64, Harry Dean Stanton, Emilio Estevez, voilà un menu qui s'annonce plutôt bien...    


Il suffit pas de prendre Harry Dean Stanton puis bâcler le travail ! On a juste la sale impression qu'Alex Cox s'est dit, ouais c'est bon là, suis punk, on s'en fout, ça ira comme ça.....


Perso j'adore les films déjantés, classés Z ou B, j'en suis même assez friande, mais là je dis non ! Non non non non ! C'est dommage, je préfère encore regarder Street Trash ou Elmer le remue-méninge, ça à au moins le mérite d'être drôle ...