mercredi 20 mars 2013

Excision



Pauline (AnnaLynne McCord) n'est pas la pom-pom girl du lycée, elle n'organise pas des boums, elle ne vend pas des cookies au profits de la jeunesse catholique. Son acné et sa mauvaise posture deviennent une façon comme une autre de se faire remarquer. Ses camarades de classe la trouve bizarre et dégoutante. C'est réussi.

 

Marginale désaxée, obsédée par la chirurgie, elle a d'autres centres d’intérêts. Jouer au cadavre avec sa petite sœur Grace (Ariel Winter) atteinte de mucoviscidose. S'infliger des sévices corporels. Organiser froidement son dépucelage. Jouir de ses phantasmes nécrophiles.  La coquetterie passe loin derrière


Sous les yeux impuissants et lâches du père (Roger Bart), sa mère (Traci Lords), rigide et conservatrice, totalement dépassée devant le désarroi de sa fille ne lui montre que mépris et dédain. Tel un jeu de miroir désynchronisé, les relations mère-fille ne sont qu'humiliations, malaises, provocations, conflits. Pauline en a définitivement fini avec sa schizophrénie, elle est passée du côté obscur. Son monde n'est plus que souffrances, troubles hallucinatoires morbides, actes malsains. Un calvaire ordinaire et fantasque aux yeux de sa mère. 




 
Les Monstres sont dans la maison ! Témoin du conflit des deux femmes, le père est un être résigné, soumis, un être à genoux, un enfant effrayé et dépendant. 

 

Phylis ne se contente pas d'être castratrice, c'est aussi une mère toxique comme dirait Britney. On comprend alors (le lendemain pour ma part), le sens du titre du film : "Excision".  
Grace chaque jours plus malade n'échappe pas à la règle. Sa mère la consigne dans sa chambre telle une poupée docile, elle doit se contenter d'amis virtuels, les "vrais" ne seraient que mauvaises influences et microbes.  
 



Tout va aller très vite. Grace a besoin d'une transplantation d'urgence. Noyée dans sa pathologie larvée, Pauline va agir mécaniquement. Avec précision.
Son obsession de sauver sa petite sœur ou d'éliminer cet obstacle à jamais, peut prendre enfin tout son sens. C'est dans le comble de l'horreur et de l'explosion psychique maximale que la communion tant convoité de Pauline envers sa mère va prendre forme. 
Cette fin à l'esthétique sortie des Contes de la Crypte me laisse encore sous le choc toute comme Bug de Friedkin. L'essence de la poésie et de la délivrance au centre même de la folie !    
 

Bluffage total pour le casting. Le choix des acteurs me paraissait bien audacieux voir prétentieux. Réunir John Waters, Traci lords, Malcom Mac Dowell, Ray Wise, ces acteurs sont trop connotés !  

Grossière erreur ! Leur interprétation est tellement juste qu'ils se fondent dans le film, et le sublime tout court. Oublié la provocatrice  ex-star du porno  Traci LordsJ'ai découvert une grande actrice. Elle est au diapason et bien au-delà ! Oublié le pervers déjanté John Waters. Il est d'une sobriété exemplaire ! Les autres sont vraiment très bons : AnnaLynne McCord, Ariel Winter, Roger Bart etc etc etc... 

...à suivre donc ce Richard Bates Jr, enfin si vous êtes intéressés par le genre bien entendu...  ;))

7 commentaires:

  1. Eh ben, ça a l'air jusqu'auboutiste ! Je viens d'acheter le nouveau Mad et je me demande pourquoi ils n'ont jamais parlé de celui-là.
    Nous, on vient de voir "Satan mon amour" avec Bisset, pas mal du tout. Peut être une fin un peu abrupte, comme souvent dans les fantastiques des 70. On a aussi vu le très beau Tea and Sympathy de Minelli, rien à voir, on est bien d'accord.

    See U !

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    1. Ben oui c'est le problème,on est parle pas... Moi je l'avais découvert par hasard un jour sur un blog...Il est sur youtube complet, mais en anglais non sous-titré si tu veux...
      Je pense ne pas avoir vu les deux films dont tu me parles, mais j'ai vu que dans le second il y avait Deborah Kerr, je l'adore.
      Salutations'

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  2. Oh et je viens de voir l'assez génialement foutraque et barré "Society". Est-ce un film d'horreur ? est-ce une comédie ? Je conseille !

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    1. Haha Society ;)) J'avais aimé ce film, c'est vrai qu'il est bien barré ;) J'en ai ré-entendu parler il n'y a pas si longtemps et j'avais justement envie de le revoir, c'est l'occasion, merci ;)

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    2. Tout d'abord ton papier sur "Excision" est impeccable; tu as parfaitement cerné tous les ressorts tordus de ce film bien plus subtil que ses images chocs laissent entendre. Un grand bravo à toi donc! Ensuite, l'équipe de "Mad Movies" en a bel et bien parlé mais à l'époque de sa sortie qui, pour rappel, date de 2012. Mais bon il faut reconnaître que pour le coup, ils ne se sont pas foulés et ont plutôt joué les pisses froids (remarque, perso, je trouve qu'ils encensent beaucoup de daubes au détriment des vrais chocs cinématographiques). Quant à "Society" de Brian Yuzna, pas de doutes à avoir, il décoiffe sec! Un film d'horreur qui démonte la haute bourgeoisie et finalement plonge dans la lutte des classes tout en étant des plus malsain et fun, c'est suffisamment rare pour se priver du plaisir de le (re)voir. Je vous conseille également les films de Stuart Gordon (d'ailleurs produits par Yuzna): "Re-Animator" (avec ce dingue de Jeffrey Combs) et "From Beyond" (inspiré des écrits de Lovecraft).

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    3. Le tien n'est pas mal non plus ;)) Un film avec plusieurs lectures et des questionnements, que demander de mieux...
      Oui, suis d'accord avec toi sur Mad Movies, malgré que (la traitre) je viens de m'inscrire sur leur forum. J'avais tous leur premiers numéros, mais j'ai arrêté les frais quand leur magazine est devenu tout maigre, amputé tout compte fait des seules choses qui avaient de l’intérêt.
      Society est dans la boite ;) Et ré-animator et from beyond tu peux bien te douter que j'en suis dingue ;)) ce Jeffrey Combs j'adore, je l'ai suivi fut un temps, il incarne toujours des rôles "très bien au dehors très inquiétant au dedans" à suivre... Là on a trouvé The Killers avec Ava, ça te parles ?

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    4. "The Killers" avec Ava si ça me parle? Ben oui et pas qu'un peu! C'est son premier film d'envergure; elle joue le rôle d'une femme fatale qui en fait voir de toutes les couleurs à Monsieur "torse en avant" soit Burt Lancaster en personne. Au-delà de ces considérations, c'est tout simplement un classique d u film noir au même titre que "Assurance sur la mort" du grand Billy Wilder. Sinon "The killers" a été réalisé par Robert Siodmak (un autre émigré qui a fait la gloire d'Hollywood), un cador du film noir justement.

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