lundi 4 août 2014

Sylvie Ciné Revue



Amis du jour, bonjour ! C'est avec une joie non dissimulée que je vous présente une nouvelle rubrique intitulée : In-Folio We Trust, car peu importe sous quel format (livre de poche, gros pavé, ou  même B.D... ), la littérature sera et restera à toujours la lumière de l'ombre, le capteur d'une mémoire passée ou future, le carburant de l'âme, le tapis volant de l'imaginaire, où chaque auteur gravera ses mots sur une partition, et nous embarquera selon sa propre cadence vers des nappes de plénitudes ou sur des loopings les plus vertigineux. 



La mélodie qui s'échappe le long de Cassidy's girl de David Goodis est menaçante, suspendue. Les protagonistes, imbibés d'alcool jusqu'à la lie, s'entredéchirent le cœur du matin au soir. Mais Goodis, avec pudeur et tendresse, fait ressortir le beau du laid et offre à travers la violence et des gueules de bois infernales, une surprenante poésie teintée d'humour. Un de mes passages préféré d'ailleurs est celui où James Cassidy, chauffeur de bus au passé trouble, raccompagne Doris, une jeune fille encore plus saoule que lui, chez elle. Ils sont dans un état ! Ce passage donc, en plus d'être totalement hilarant et réaliste car croyez-moi, on a mal au crâne pour eux, est des plus romantique. Goodis sublime la noirceur et fait triompher le bas-fond, de même que l'avait fait Tod Browning dans Freaks. Un vrai régal !

Petite mise en garde tout de même, installez-vous confortablement car ce bouquin ne se pose qu'une fois terminé.


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Histoire de Frank d'Eric Neuhoff possède ce même pouvoir d'attraction, il est im-po-ssi-ble d'en arrêter la lecture. Il existe des ouvrages bien plus complets et pointus concernant la vie tumultueuse et plutôt bien remplie de Sinatra, mais celui-ci, bien qu'on y apprenne aussi pas mal de choses, parle avec le cœur. Et Éric Neuhoff ne mâche pas ses mots, car il lui en veut à Frank. Il lui en veut d'être parti. Un héros ça ne meurt pas ! Même si la musique de Sinatra aura été la bande originale des années 50 jusqu'à la fin de ce siècle, il y aura eu un pendant, mais plus jamais d'après. Plus jamais cette même classe décontractée, plus jamais cette assurance mêlée de fragilité, plus jamais cette attirance pour le grand frisson des liaisons dangereuses. Un homme ! Un homme qui avait pris la vie pour terrain de je veux et j'aurais. Sinatra ! En 150 pages à peine, Eric Neuhoff nous fait traverser la vie de cet homme si controversé et fascinant, avec un travelling des plus émouvant sur la fin, mais je ne peux en dire plus, car si je vous ai convaincu, ma rubrique devrait s'arrêter au moment même où vous avez déjà ce livre dans vos mains. 




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Et tout comme Frankie, le magazine LUI avait cette même vocation, ce même apport de rêve, d'élégance, d'inaccessible et d'élévation suprême, les sauveurs du quotidien et de la banalité, à coups de montres de bagnoles et de femmes que ce peuple "d'en bas" ne pourrait jamais s'offrir, mais qui devenait Lui à son simple contact.
Lui magazine avait duré en gros une trentaine d'années à compter de 1963, puis arrêté sa diffusion, pour renaître de ses cendres en Septembre 2013 sous la coupe de Frédérique Beigbeder. J'avoue que j'étais septique au début ; Beigbeder rédacteur en chef, Léa Seydoux en couverture... trop facile. Le playboy de 2009 avait été bien plus audacieux avec Marge Simpson. Mais bon, curieuse comme une pie et fétichiste des numéros un, je plonge. Les articles sont chouettes et bien ficelés, mais je fais un rejet. On ne m'y reprendra plus.  



Jusqu'à cette couverture. Ça c'est le Lui que j'attendais ! Les couleurs flashy. Une Rihana offerte et brûlante. C'est déjà le numéro 7, il me le faut. Je me rends à l'évidence. Les articles sont drôles, frais, l'écriture pertinente, les dossiers au top, et comme les portraits emplis de bienveillance, les rubriques consacrées au cinéma ou à la musique sont cash, et beaucoup plus objectifs que tous les autres magazines spécialisés, ce qui fait faire certaines économies de temps et d'argent, car ce nouveau Rider Digest du rêve ne coûte que 2€ 90, avec un tee-shirt en prime pour le numéro d'été qui se décline en quatre couvertures différentes pour les collectionneurs. Je m'y suis abonnée ;)) 



Le conseil Sylvie Ciné Revue de la semaine



8 commentaires:

  1. Extra ! Quelle verve, quel entrain et surtout que de vérités. Les bouquins sont réellement superbes et Lui est LE magazine. Un prix qui s'adresse à nous, ce qui n'est pas le cas selon moi des magazines qui s'affichent à près (ou plus) de 6 euros. En prime les critiques sont pertinentes et bien choisies (et eux ne confondent pas Thin Lizzy avec Suzi Quatro comme j'ai pu le lire avec horreur dans un mag "spécialisé" à propos de The boys are back in town) quant aux portraits des personnalités ils sont passionnants et là encore sacrément bien sélectionnés (celui sur La Source, le bar hippie chic du L.A des 70's qui vira secte partouzarde est excellent et celui sur la coke à Wall street l'est tout autant).
    Le seul bémol que je ferais est que les "pin-ups" ne font pas autant rêver que celles des années 70's mais ça il n'y sont pour rien, notre époque est en panne de Marlène Jobert et autres Brigitte Bardot, hélas.
    Hugo Spanky

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    1. Comme tu dis oui ! Les articles sont vraiment super bien, mais les pin-up.... c'est dommage.
      Et les deux bouquins.... mille merci, car c'est bien grâce à toi qu'ils sont passés entre mes mains ♥

      Sylvie

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    2. Pour ma part le Lui.. new look (non mais quel humour, Monsieur) j'avais chopé les numéros 2 et 3 qui m'ont convaincu d'arrêter direct.
      Certes certains papiers de fond étaient redoutablement bien foutus mais ils représentaient la portion congrue du magazine qui se constituait pour l'essentiel de rubriques inintéressantes au possible; le pompon étant atteint avec les pages mode pour les blindés de thune et les pages pin-up au spectacle aussi érotique que la vision d'un merlu pas frais.
      Mais bon peut-être ont-ils rectifier le tir vu l'éloge que tu en fais?
      Sinon, que Goodis soit un auteur de première bourre il n'y a pas à redire là, pour sûr.

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    3. Les pages de pub blindées de thunes c'était je pense pour retrouver ce côté esbroufe qui faisait mouche à l'époque où les homes, même s'ils ne pouvaient se l'offrir, aimaient le luxe. Je te comprends tout à fait, ça n'a plus vraiment lieu d'y être aujourd'hui, et du coup ça donne au magazine, un côté cheap certainement pas recherché, mais dont je me délecte ;)))
      Les pin-up t'as raison, elles n'ont rien à proposer... on s'en fout... on ne sais même pas d'où elles sortent... elles ne vendent aucun rêve.. elles sont aussi glacées que le papier....

      Pour Goodis, j'ai hâte d'en lire d'autres, ainsi que sa biographie que j'ai vu traîner quelque part sur les étagères de Mr Spanky ;))
      Histoire de Frank si tu ne l'as pas lu, fonce, tu ne vas pas être déçu ;))

      Bises
      Sylvie

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    4. J'y fonce,Sylvie, j'y fonce n'ai crainte!

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  2. Je suis bien heureux que vous goûtiez la prose à Neuhoff. Son Sinatra se déguste comme un coquetèle finement composé. Certains jaloux à Paris disent que ses livres sont un peu légers. C'est justement leur force. Ce gars a du style et en plus, il défend le Cinéma.

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    1. C'est ce qui m'a plu aussi. Et de surcroît, Neuhoff était aussi un superbe photographe, c'est peut-être pour cela qu'il suscitait autant de jalousies ;))

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  3. " Lexomil" la dope des standards d'appels ^^

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